Tous les marins du monde

Dans la Marine Gabale, on a plutôt le cœur à rire. Pourtant dans le cas présent, c’est une colère triste qui nous envahit. Sous un ciel gris, Il a appareillé le 13 octobre pour son dernier voyage, aidé par les remorqueurs Lubéron et Esterel. Vendu aux enchères le 13 juin dernier à la société espagnole Gijonese de Desquaces pour quelques millions de francs, il sera découpé au chalumeau en Espagne.

Il était grand, il était beau

il sentait bon le diesel chaud

Il s’en est allé un matin

au cimetière des bateaux.

Vendu sans gloire et sans honneur

comme un pirate ou un mutin

à un ibère ferrailleur

dont découper est le labeur.

C’est la fin d’un géant des mers

qui sillonna les océans

parfois comme un requin de guerre

souvent comme un ambassadeur.

Dans le sillage des bâtiments

les plus fameux de la Royale

comme eux il cinglait fièrement

portant ses oriflammes au vent.

Plus de silhouette sympathique

à Cherbourg, à Brest, à Toulon

aucun guetteur sémaphorique

ne l’aura dans son œilleton.

Seule sa barre est sauvée.

Elle sera dans un musée

comme le dernier souvenir

la dernière trace du passé,

le passé d’un grand bateau fier

laissé pour une bouchée de pain

à un chantier de fossoyeurs

et son armée de démembreurs.

Adieu Marine, adieu marins.

Moi, à qui on a pas permis

d’aller sombrer dans le lointain

Je vous laisse à mon agonie.

Il était grand, il était beau

Il sentait bon le diesel chaud

Toujours tous les marins du monde

Se souviendront du Clémenceau.

Lozérix
Capitaine ad-hoc de la Marine Gabale

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