Ce sont les grands hommes qui font les cités
Attirés par son célèbre marché saturnal [[Samedi dans la tradition païenne est dédié à Saturne]] nous sommes hier à Sommières, une ville du Languedoc où le niveau de l’eau monte souvent un peu trop, ce qui explique l’attrait des habitants pour les grands hommes. Ici ils sont honorés à chaque carrefour, immortalisés sur les plaques de rues soigneusement entretenues par la municipalité.
Voici par exemple une plaque tout récemment rénovée, mais on a pris soin de préserver l’ancien nom de la voie pour qu’il ne tombe pas dans l’oubli.
Une histoire émouvante
L’impasse du paradis où les bourgeois du début du siècle côtoyaient sans vergogne leurs ouvriers des magnaneries dut son nom aux plaisirs que les hommes allaient cueillir dans ces maisons que l’on appelait « closes », où certains mannequins peu farouches exhibaient les soieries tissées dans les usines proches qui faisaient la richesse de la région. Après les inondations catastrophiques de 2002 la référence au paradis de la Genèse laissa place à la célébration d’une chanteuse locale prénommée Vanessa mais qui par superstition préféra que l’on omette son prénom pour nommer une impasse.
L’Abbé Fabre, lui, est plus connu pour les nombreux vers que Lagarde et Michard érigèrent en référence pour des générations d’écoliers. Qui d’entre nous n’a ânonné sur les bancs de sa classe les si célèbres vers de la poésie de l’Abbé « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles… » magnifique poême dédié à sa maîtresse d’école qui réussit enfin à lui apprendre à lire à l’âge de 12 ans grâce à des crayons de couleur.
» O temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices
Suspendez votre cours ! » cet autre poême qui nous plonge dans la terrible angoisse du temps qui passe fut écrit la veille de l’épreuve du brevet lorsqu’il le présenta pour la 14e fois.
Dans nos curs saignent aussi ces terribles vers de terre perdue « Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat… » expression des amers sentiments qu’éprouva l’Abbé lors de sa prise de fonctions à l’église de Pignan, après avoir été écarté de la paroisse Sommiéroise pour d’injustes soupçons de détournement de troncs.
Une mystérieuse identité
Et voici le plus extraordinaire, ce citoyen de Sommières à la personnalité secrète : le Colonel Viala, Voila, ou Villa… [[ou encore Virdela d’après les historiens]]. Habilement masquée par un tuyau de descente, la plaque de rue fait honneur à l’un des espions que l’on dit les plus célèbres du 19e siècle. Lui qui le premier mata Arri (ce qui donna plus tard son nom de code à l’espionne à qui il apprit les rudiments de l’amorçage des bombes), initia Beria (qui lui apprit le biélorusse pour le remercier), et rencontra même Trotsky à qui il prêta une hache qu’il ne lui rendit jamais.
Après une vie bien remplie à traquer l’opium caché dans des boîtes de crabe il finit ses jours comme gouverneur de la Dalmatie, ou de la Croatie qui lui fut attribuée par le célèbre général Tapioca en remerciement de ses services. Il découvrit le Temple du Soleil où une éclipse fort providentielle le sauva in extremis de ses bourreaux. Il mourut écrasé par un lama.
C’est pour lui que l’Abbé Fabre écrivit d’ailleurs sa plus belle pièce « Ô combien de marins, combien de capitaines… » bien que Vitlevla ne soit à jamais resté que colonel.
Sommières est à la rue
Bonjour, je suis sommièroise de souche, depuis des générations, votre article m’a bien interessée, et je souris quand je lis que
Sommières est prêt à disparaitre sous les eaux chaque année !! Sommières pour les sommiérois, sans les vidourlades ne serait pas Sommières, et nous aimons notre Vidourle, quand bien même il emporterait tout sur son passage, et celà ne s’explique pas … Le Vidourle ne fait peur qu’à ceux qui n’ont pas grandi à ses côtés et ne le connaissent pas…… quand au tuyau qui passe devant le nom du colonel Viala, peut importe, nous savons ,nous, de quel colonel il s’agit .. demandez à n’importe quel sommierois d’origine ! mon village change et je le regrette, car il perd de son âme , il perd de sa verve « pagnolesque »…. il ne nous restera bientot plus que le souvenir d’un Sommieres authentique …. celui des années passées avant que l’on vienne nous construire de toutes parts dans notre belle garrigue tant de villas qui tuent le paysage et l’esprit de notre petite ville …… je trouve celà bien dommage….. car beaucoup de choses du coup semble complètement incomprises des nouveaux arrivants….. qui veulent tout changer tout remanier en d’autres termes veulent donner à Sommieres un autre visage, une autre âme…. merci à vous pour votre article, interressant en tout cas …. une amoureuse de son village natal
Sommières est à la rue
Moi aussi je suis sommièroise de souche et j’aime ma ville!! Bien sûr Vidourle et parfois cruel, mais que serait Sommières sans lui… C’est à chaque fois un moment de retrouvailles des sommièrois au bord de l’eau. Ce qui est en effet regrettable, c’est que les gens qui ne connaissent pas ce fleuve en disent du mal et en ont peur… En 2002, il m’a tout pris mais je lui ai pardonné, car il s’agissait seulement de ne pas construire dans son lit… Merci pour ce site, même s’il est un peu vieillot, c’est toujours un plaisir de voir que des gens s’interressent à notre culture sommièroise !!