Après avoir mis à contribution ses petites cellules grises, le Président des Etats-Unis a exposé ce matin le fruit de ses réflexions à propos des événements du 11 septembre 2001.
« J’ai bien réfléchi pendant ces cinq dernières années, les grands responsables des attentats du 11 septembre à New York et sur le Pentagone, ce sont les avions. Les terroristes n’ont pas utilisé un train, une voiture, un camion, une moto, une bicyclette ou même une trottinette mais des avions. »
La Président Bush a ajouté qu’il allait rapidement rapatrier les troupes d’Irak puisque Saddam Hussein est innocent et attaquer aussitôt Airbus et toutes les firmes étrangères qui fabriquent des avions capables de mettre en péril les intérêts vitaux des Etats-Unis. Boeing et Lookheed seront reconverties en fabricants d’ULM, de vélos et de trottinettes, et il sera interdit de prendre l’avion sur tout le territoire des Etats-Unis hormis le Boeing d’AirForce One.
Pour résoudre la crise des transports qui ne manquera pas de se faire jour tous les citoyens américains devront s’acheter un ULM et apprendre à piloter ou une trottinette et apprendre à conduire. Par souci de sécurité seules les ULM et trottinettes made in USA seront autorisées.
Réunis en assemblée générale depuis le 14 août à Prague, les 2500 astronomes de l’Union Astronomique Internationale (UAI) ont décidé par un vote à main levée de reléguer Pluton dans une nouvelle catégorie : celle des «planètes naines». En compagnie de Cérès, un gros astéroïde d’un peu de moins de 1000 kilomètres de diamètre situé entre Mars et Jupiter, et de la mystérieuse 2003 UB 313, provisoirement appelée Xena, découverte il y a trois ans aux confins du système solaire, Pluton est passé du stade de planète à celui de nain de jardin. Mais Pluton n’est pourtant pas une pierre dans celui d’Elisabeth Teissier, spécialiste incontestée de l’influence des astres sur notre vie quotidienne que nous avons rencontrée ces jours derniers. Voici un extrait de l’entretien qu’elle a bien voulu nous accorder sur ce sujet « glacial » (-173° ce week-end à la surface de Pluton, selon les dernières estimations de Météo France)
– Elisabeth Teissier, que pensez-vous du déclassement de la planète Pluton dans la catégorie des naines ?
E.T. : A vrai dire, ce n’était pas trop tôt ! Pluton a été découvert en 1930 par un astronome en culottes courtes, et sa position aux confins du sytème solaire en faisait un astre peu influent. A 7,3 milliards de kilomètres, la lumière met presque 8 heures pour nous parvenir, ça complique les calculs par rapport à la naissance, non ? Et puis ses 2274 km de diamètre ne pesaient pas lourd devant les 3476 km de notre Lune (qui, elle, est à seulement 384000 km). Par ailleurs la révolution de Pluton autour du soleil est de 247 ans, ce qui fait que depuis sa découverte il a à peine parcouru 4 signes du zodiaque…
– Ça pose un problème aux Astrologues !
E.T. : Evidemment ! Sachez que les effets des planètes – ou plus exactement luminaires – reconnus par l’astrologie dans les influences astrales sont validées statistiquement par l’expérimentation ! Ainsi lorsque l’on vous dit que dans votre thème Vénus est en Sagittaire et que cette position indique un caractère enjoué et optimiste, un cœur sympathique, bon et généreux ; un amour de Dieu ou un amour de l’humanité manifesté par la philanthropie et la charité, c’est que depuis 4000 ans cela a été constaté et vérifié maintes et maintes fois.
– Depuis 4000 ans ? Cela doit faire des montagnes de statistiques ?
E.T. : Exact. Une partie a été par exemple retrouvée dans des jarres : les manuscrits de la mer morte. Vous imaginez le monde qu’il a fallu pour dépouiller tout cela, et sans ordinateur ? Ainsi nous ne sommes pas parfaitement sûrs du transit de Pluton en Capricorne puisque cette planète n’a jamais visité ce signe depuis sa découverte en 1930.
– Vous avez des doutes, donc ?
E.T. : En Astrologie, on n’a jamais de doutes. Simplement il faudra attendre 2177 pour connaître l’influence exacte de Pluton en Cancer. Enfin, je vous rassure : nous connaissons bien entendu les influences des astres, c’est notre métier. Mais nous cherchons à affiner nos affirmations. Pour reprendre notre exemple de la précédente question, si la position de Vénus en Sagittaire rend philanthrope, il y a tout de même beaucoup de manières d’être philanthrope. Par exemple une philanthropie dirigée vers les autres s’exprimera dans une vraie générosité, une philanthropie dirigée vers les proches se manifestera par l’amour des siens, et si elle est dirigée exclusivement vers soi-même la personne pourra paraître égoïste, se réfugier dans l’isolement et le refus de l’autre.
– Malgré tout ce sera quand même de la philanthropie ?
E.T. : Oui car Vénus en Sagittaire c’est obligatoirement de la philantropie et rien d’autre. Ceaucescu avait Vénus en Sagittaire et était un profond philanthrope, simplement cette philanthropie était dirigée vers lui-même. S’il avait consulté un bon astrologue il aurait certainement légué tous ses biens à son peuple…
– Vous le pensez vraiment ?
E.T. : Je suis Docteur en Astrologie !
– Ah, bon ! Donc pour le moment, Pluton c’est terminé ?
E.T. : Terminé, hop ! Fini Pluton ! Et vous savez que je l’avais prévu ? J’ai écrit la mort de Pluton dans un long article paru l’an dernier dans un journal astrologique rédigé en Coréen, où j’avais fait le thème astrologique de Pluton !
– Parce qu’on peut faire le thème d’une planète, c’est ça que vous me dites ?
E.T. : Bien sûr. Il suffit de savoir quand cette planète est née. Pluton est née pour les humains le 18 février 1930 à Houston, sur les photos prises par Clyde Tombaugh. Avec Uranus en Quadrillage avec Mars, Vénus sortant de l’Ombre de sa Lune Noire, un remarquable Sesquicarré dans la Maison XII, la Maison de Campagne, et l’Ascendant dans la Fosse de la Cabane au Fond du Jardin, son sort était scellé !
Sa destinée que j’ai donc totalement décryptée dans son ciel de naissance était de mourir en août 2006. Vous allez me dire que je me suis trompée de quelques jours puisque j’avais indiqué la date du 1er août. Mais après le vote qui l’a déclassée, j’ai soupçonné une date erronée pour le thème de naissance. J’ai donc refait mes calculs.
– Parce qu’on peut refaire ses calculs après coup ? Ce n’est pas un peu douteux ces méthodes ?
E.T. : Pas du tout ! L’Astrologie n’est pas une science rigide. Lorsqu’une prévision tombe à côté de la plaque on recalcule la date de naissance pour que ça colle. Les faits priment toujours, en astrologie. Si vous êtes Capricorne d’après votre date de naissance mais que vous avez les caractéristiques du signe du Lion, c’est que vous êtes né en août et que l’employé s’est trompé à l’état civil. Ou que votre mère a accouché trop tard. Vous deviez naître en août, si vous êtes né en janvier c’est par erreur.
– C’est extraordinaire ! Quelle science magnifique !
E.T. : C’est comme cela que j’ai découvert que Clyde Tombaugh avait dû en fait avoir l’idée de la planète Pluton exactement le 19 février à 2h15 du matin au lieu du 18 vers 9 h comme il l’a déclaré…
Elisabeth me tend une photo de Pluton.
Il est probable qu’en regardant ces clichés le 18 février Clyde a découvert le décalage d’un objet céleste et n’a pas compris ce qu’il signifiait. Mais ce n’est que dans la nuit suivante qu’il a dû, en rêve, avoir la réponse. Vous voyez comme l’Astrologie est scientifique, n’est-ce pas ?
Pluton, on le sait, est la planète qui préside aux rêves… Aujourd’hui elle est devenue un rêve de planète. On en rêvait, Pluton l’a fait.
– Elisabeth Teissier, vous n’êtes pas naine !
E.T. : Je ne suis pas naine de la dernière pluie en tous cas. Vous n’avez qu’à voir mon compte en banque !
C’est une tuile pour les astrologues, Pluton a disparu des horoscopes et autres thèmes chers à nos spécialistes de la divination.
Rassurez-vous, dans le ciel l’astre est toujours présent et il ne s’est pas désintégré. Mais devant le faisceau convergent de critères défavorables [[Découvertes futures de nouveaux corps célestes similaires obligeant à accepter jusqu’à 200 planètes, masse trop faible, diamètre ridiculement petit, binôme avec Charon, son compagnon d’infortune…]] les astronomes ont tranché pour le déclassement du corps céleste et lui ont fait perdre son statut. Pluton n’est plus une planète à part entière, et voilà que tous les calculs des horoscopes sont devenus obsolètes.
L’Union Française des Astrologues a aussitôt précisé que ses tarifs seront réévalués de 5% dès le 1er septembre, et demande à l’Union Astronomique Mondiale un décret de catastrophe naturelle.
L’Astrologie dans une mauvaise passe ?
On pourrait bien le croire après cette alarmante mise au point de l’Ordre des Astrologues qui régit toute la profession. Dans un communiqué solennel de l’Académie des Sciences occultes, l’organisme a prévenu officiellement le gouvernement de l’imminence d’un mouvement social de grande ampleur [[Vraisemblablement une manifestation place de l’Etoile sur le thème (astral) de « Pluton, trahison! »]]. Le risque est grand en effet de voir tout un pan d’une profession éminement respectable (pour les statistiques de l’emploi) réduit au chômage. Car vraisemblablement seules les multinationales de l’Astrologie auront les moyens de recalculer rapidement toutes les prédictions à venir. Des milliers de malheureux artisans uvrant bien souvent dans de sombres cabinets au fond de couloirs sans commodités devront passer de longues nuits à rayer de leurs éphémérides tous les aspects de Pluton désormais vidés de leur sens. Oh combien d’Oppositions, combien de Trigones, Carrés, Sesqui-carrés et autres Sextiles qui sont partis joyeux pour l’escarcelle et vont se retrouver dans de tristes poubelles ! Et que vont devenir ces augures perdus : la fin de la guerre en Irak, la crise Iranienne, la bande de Gaza et plus près de nous l’élection présidentielle française. La face du monde va en être changée !
Que vont devenir Chirac et Segolène Royal ?
Les Français sont tous dans l’angoisse : jusqu’à ce jour Ségolène montait dans les sondages, Jospin tirait son épingle du jeu, Sarkozy comptait les points et tout était parfaitement calé par Elisabeth Teissier dans les journaux qui nous racontent notre avenir. Les astrologues les plus talentueux avaient longuement planché, des mois durant, sur les thèmes célestes. Ils s’apprêtaient à nous révéler dès le lendemain du second tour le nom du nouveau Président de la République Française sans l’ombre d’un doute. A nous narrer par le menu les dates et amplitudes des prochains tsunamis, des prochaines éruptions, des prochaines émeutes, et même les aventures (in)hospitalières de Fidel Castro… Patatras ! Pluton n’agit plus sur nos destinées.
Devant ce désarroi nous n’avons pas hésité à interroger les plus grands spécialistes de l’horoscope et la première à nous répondre a été Elisabeth Tessier. Comme on pouvait s’y attendre elle avait prédit depuis longtemps la chute de Pluton…
A tous ceux qui ne regardent pas les matchs du Mondial : on a gagné !
La dernière mode aujourd’hui c’est de se passionner pour l’Équipe de France. De Bernard Henri-Lévy à Dominique de Villepin en passant par Marguerite Duras qui nous observe de très loin, nombreux sont les leaders d’opinion voulant montrer qu’ils sont encore dans le coup. Que tout jeunes ils tapaient la balle dans les cours de leurs immeubles de banlieue avec Zinedine parce que le foot c’est toute leur jeunesse. Et c’est les yeux embués qu’ils ont félicité les joueurs de l’équipe de France âpres à défendre les couleurs de notre pays avec tant d’abnégation (et d’émoluments).
Ils ont aussi, les larmes dans les yeux, félicité TF1 qui a su démocratiser le sport et le rendre accessible à tous en achetant l’exclusivité des droits de retransmission. TF1 agissait ainsi pour le bien public en s’attachant à rendre disponible le cerveau des téléspectateurs entre deux séquences de pub. Moi qui avais le cerveau totalement disponible – le ballon rond et les criailleries des supporters excités ça m’énerve au plus haut point donc je me sauve au moindre match – et qui n’avais donc pas besoin de regarder ce qu’il y a entre les pubs j’éteignais la télé pendant que les joueurs couraient après la baballe. Et comme je déteste le Coca Cola et tous ces produits qui clament tous qu’ils sont les meilleurs sans me demander mon avis j’éteignais aussi la télé pendant les pubs.
Résultat j’ai regardé Audrey Hepburn et passé une très bonne soirée pendant que pour une fois la foule dans mon village se taisait, médusée par je ne sais quelle catastrophe. Finalement le mieux est l’ennemi du bien : les Français auraient gagné, on aurait eu une émeute des banlieues uniquement pour faire la fête alors que là tout le monde s’est calmé.
Si, j’ai quand même regardé les dernières minutes : les tirs au but. Et là j’ai eu une idée : si à la prochaine compétition de foot on commençait par les penaltys on gagnerait du temps et de l’argent. Des équipes réduites de 5 joueurs plus un gardien, 5 tirs par équipe, et s’il y a égalité on tire à la courte paille.
Cher Raymond, les dieux t’attendent, ils t’accueilleront avec déférence et respect, car tu les surpasses tous !
Thor, Odon, Toutatis et Jehovah, Dieu le Père et Allah, Jupiter et Neptune, Jésus Christ, Bouddah et Cie, tous plus inexistants les uns que les autres vont t’offrir l’apéritif divin que tu mérites, onze mille vierges sinon plus ! Tu vas pouvoir tourner en rond pour l’éternité autour d’une place verrouillée par les sens interdits, discuter sans fin avec l’Oie de Louis (l’Oie de 1901) et t’offrir trois fois Rien d’infini. Toi qui as si bien collaboré au Néant, tu vas t’y trouver comme un poisson dans l’eau.
Te voilà dans le vide à jamais, toi qui as si bien rempli ta vie et les nôtres de nos absurdités, miroir de nos incohérences. Rassure-toi, la bêtise dont tu as fait tes choux gras n’est pas prête de disparaître. Espérons que d’autres prendront ton relais et continueront la dure tâche de l’exploration du RIEN.
Lorsque Bodhidharma, un moine indien, vint en Chine en 527 pour séjourner au Monastère de Shaolin, il commença par s’installer face à un mur devant lequel il resta neuf ans en méditation. Revenu à la réalité quotidienne il courut vers les toilettes puis décida d’apprendre à ces moines isolés comment se défendre contre les brigands, nombreux dans la région, qui avaient tenté sans succès de le molester durant les neuf dernières années. Pendant des siècles fut alors cultivé à Shaolin l’art du combat de défense, et aujourd’hui encore les moines s’aguerrissent dans ce temple où ils subissent un entraînement intensif qui fait d’eux des guerriers quasi invincibles, d’une souplesse sans pareil et d’une puissance redoutable.
Un moine shaolin bien entraîné peut manier jusqu’à dix-huit armes différentes, et préparer en même temps une mayonnaise et une béchamel sans les mélanger et sans rater ni l’une ni l’autre. Ceci qui n’est possible que grâce à une concentration mentale intense, un art dans lequel ils sont passés maîtres.
La pensée peut rompre l’acier
C’est ainsi que l’on voit souvent les Shaolin présenter ce numéro incroyable d’un sabre qui se brise sur un crâne sans le moindre trucage possible. Seule une concentration extrême peut permettre cet exploit, durcissant dans un effort mental surhumain le corps de l’adepte dont la volonté se tend comme un arc invincible.
Certes, les protections corporelles les plus sophistiquées (comme les vêtements en Kevlar à l’épreuve des balles que portent les brigades d’intervention du GIGN) sont à même de permettre à n’importe qui des exploits semblables sans l’entraînement très long des Shaolin. Mais dans certains domaines ces capacités hors du commun peuvent être mises à profit avec grand intérêt. La recherche médicale de pointe s’est intéressée à ces moines et on soupçonne aujourd’hui de subtiles modifications de l’ADN qui permettraient à tout un chacun de vaincre le froid ou les conditions extrêmes, et même probablement le virus de la grippe aviaire sans aucun médicament. La NASA commence à s’intéresser à ces jeunes moines qui pourraient aller dans l’espace sans combinaison et la marine nationale française les verrait bien descendre à 3000 m récupérer leur robot de 3 millions d’euros malencontreusement perdu. Reste que d’autres domaines de l’industrie s’intéressent à ces moines pour accomplir des tâches demandant des capacités hors du commun.
Pour quelques yuans de plus
Payés au SMIS (Salaire des Moines Incroyables de Shaolin) des moines vont aller bientôt en stage chez Microsoft. En effet de par leurs capacités ils pourraient, sur des claviers d’ordinateurs surdimensionnés, taper des millions de lignes de code en quelques secondes après moins de deux minutes de concentration. Bill Gates espère ainsi rattraper son retard dans la conception du nouveau système d’exploitation Windows Vista promis depuis bientôt deux ans et qui n’est toujours pas en vue pour 2006.
Dominique De Villepin espère également en engager quelques uns sous contrat de première embauche pour le dépêtrer dans ses déboires vis-à-vis de tout, à moins que le Président lui-même ne leur demande quelques nouvelles idées pour l’échéance de 2007.
A Shaolin dans les montagnes chinoises du sud on ne perd cependant pas le nord. Dès le mois de septembre les occidentaux intéressés par une initiation pourront s’inscrire au monastère en formation accélérée, car il est prévu de n’embaucher les prochaines années dans les entreprises que des surdoués de la production payés en yuans, deux caractéristiques spécifiques aux moines Shaolin.
Le Ministre de l’Education Nationale prévoit également dès la rentrée prochaine d’ouvrir plusieurs Universités Shaolin qui pourraient progressivement remplacer à terme toutes les Facultés de France.
L’expert vocabulairien de l’association s’est aussitôt penché sur cette brûlante actualité pour en tirer quelques enseignements et nous éclairer de ses lanternes magiques. Car depuis le cours élémentaire nous le savons bien, la langue française a une grammaire qui explique le pourquoi et le comment de la composition des mots. Et nous voici devant un cas très intéressant : le préfixe de- ou dé-.
Comme nous le suggère le titre de ce paragraphe, le préfixe de- ou dé- placé devant un mot exprime l’idée opposée à celle contenue dans ce mot. Ainsi lorsque nous sommes couverts nous sommes cachés, à l’abri des observations extérieures ou des intempéries par exemple. Et lorsque nous sommes dé-couverts nous voilà exposés aux regards, ou aux frimas de cette fin de printemps plutôt fraîche.
Certes. Mais en dehors de la classe de grammaire nous avons bien l’impression que cela ne nous sert pas à grand’chose ? Eh bien détrompez-vous. De même que nous avons exploré de nouveaux univers signifiants avec les Regards sur l’enrichissement circonvolutif de la langue française, nous pouvons mener de passionnantes réflexions à propos du préfixe de-
Défaits, détruits ou démantibulés ?
Car faire et défaire c’est toujours travailler. Faire, c’est inventer, créer, fabriquer, assembler, et défaire c’est revenir aux constituants originels. Tout le monde sait bien que lorsque l’on fait, on peut vouloir revenir en arrière et pour cela on défait. Ainsi on coud et on découd, on visse et on dévisse. On boulonne et déboulonne, on plante et on déplante. Tout verbe peut se trouver renversé dans sa signification par ce simple petit préfixe.
Ceci dit, lorsque l’on détruit, on défait avec sauvagerie de manière à ne pas pouvoir re-faire. Et voilà qu’une lumineuse idée surgit au coin de la phrase, qui peut nous amener très loin. Car si détruire est équivalent de défaire en plus radical, faire devrait avoir un équivalent plus constructif. En enlevant dé- ce serait donc Truire.
Désuétude
Ce verbe tombé maintenant en dé-suétude a été d’usage courant cependant pendant une longue période (où il était alors en suétude). C’est ainsi qu’entre autres on le retrouve dans ce vers de la fable de La Fontaine [[« Le loup et les trois petits cochons »]] où Grincheux profère sa malédiction envers le Loup qui a soufflé comme un fétu de paille la maison de son frère Simplet : « Si tu ne retruis pas ce que tu as détruit… »
Ainsi après avoir démantibulé on peut à l’inverse mantibuler voire remantibuler. Si l’on a déserté rien n’interdit de reserter. Enfin si l’on dit parfois des énormités c’est que l’on déconne. Il est intéressant de constater que l’inverse, c’est-à-dire conner signifie donc que l’on dit à nouveau des choses sensées.
Resuétude
Reste un autre volet passionnant de cette exploration, que nous venons de survoler mais auquel nous n’avons pas accordé toute l’attention qu’il mérite. Car si l’on fait et qu’ensuite on défait, on peut repartir à zéro et cette fois on dit qu’on refait. Qu’est-ce à dire ?
Eh bien le préfixe re- sert cette fois à montrer qu’une action déjà réalisée peut être entreprise une nouvelle fois. Penchons-nous quelques instants sur cette nouvelle possibilité. Si on détruit, on ne peut probablement pas refaire mais on peut certainement retruire. Dans le même ordre d’idées on pourrait après avoir démantibulé, remantibuler, après avoir démoli, remolir. Après avoir détourné de l’argent, le retourner, défié quelqu’un, le refier. Ou après avoir dégoisé abondamment (contre par exemple M. de Villepin), regoiser pour lui. Il en serait certes tout requinqué, à moins qu’une nouvelle réaction des étudiants ne le déquinque à nouveau (Remarquons que cet été notre premier ministre avait l’air au contraire parfaitement quinqué).
Mansuétude
Dernière étape de notre découverte, ces verbes qui ont un contraire n’obéissant pas à cette règle, pourtant si efficace.
Si en entrant dans une pièce obscure on allume, ensuite il faut éteindre au lieu de désallumer. Après être parti on doit revenir, si l’on veut sortir il faut ensuite rentrer… Alors qu’il suffirait de départir ou de désortir. De même si l’on peut voir et revoir un film ou un paysage, on pourrait le dévoir (en se voilant les yeux). Après avoir mangé et remangé, autant démanger (au moyen de deux doigts dans la gorge) ou après avoir lu et relu, on peut parfaitement délire si le sujet ne nous intéresse plus.
On le voit, les académiciens ne se sont pas encore attelés à la véritable tâche de réformer et d’enrichir la langue française. Sont-ils désuvrés (en ce cas il conviendrait de les résuvrer) ? Ou dépités alors qu’il suffirait de les repiter ?
A l’association RIEN nous allons déposer un projet de loi pour que désormais les académiciens pitent au lieu de faire les pitres, projet que nous allons remettre aux autorités. Et s’il ne se passe rien de nouveau, nous ferons en sorte de les démettre.
Pour en revenir au chapeau de cet article, si les lycéens avaient simplement rajouté un accent au nom du premier ministre, il serait devenu Dominique Dé-Villepin et le problème aurait été rapidement résolu.
Têtus de chez Têtu : les Français en veulent toujours plus !
C’est bien connu, la France décline, et si elle décline c’est la faute aux Français. Pas à leurs patrons, leurs entreprises, leurs députés, leur gouvernement, non ceux-là font tous les efforts possibles pour que notre pays ne s’enfonce pas dans les eaux de la décrépitude. Mais les misérables, les malfaiteurs, les idiots du village, ce sont ces maudits Français qui n’ont pas compris que la loi du marché c’était la loi du plus fort, et que le plus fort c’était le néo-libéralisme. C’est-à-dire la Finance. Sans la Finance, on ne serait rien. Mais allez faire entrer ça dans la tête de cette mauvaise graine de futurs syndicalistes : impossible. La France pourrait être beaucoup plus grande, beaucoup plus prospère, beaucoup plus forte s’il n’y avait pas ces maudits Français. Malheureusement ils sont là. La France est foutue !
Mais qu’est-ce qu’on leur apprend à l’école ?
C’est vrai quoi, ils le font exprès ou quoi tous ces gens, ces lycéens, ces travailleurs et ces chômeurs ? Ils s’obstinent à vouloir conserver contre vents et marées les énormes avantages qu’ont obtenu à force de luttes, de grèves, de privations et parfois de morts leurs pères ou grands-pères. Ces jeunes lycéens et étudiants qui défilent dans la rue ils veulent quoi ? Une retraite heureuse ? La sécurité de l’emploi ? Des salaires décents ? La sécurité sociale ? Des congés payés ? Et puis quoi encore ? On ne leur a pas dit aux cours d’histoire que le progrès c’est fini, c’était au 19e siècle que ça se passait, qu’on espérait toujours mieux, travailler moins, vivre plus, que les avancées de la société viendraient du progrès des techniques et de l’enrichissement de la nation. C’est FINI, tout ça ! Il va falloir faire une nouvelle loi pour expliquer que le libéralisme a un rôle positif. Et l’inscrire dans leurs livres de classe.
Car tout se passe comme s’ils croyaient encore à leur vieille devise : Liberté, Egalité, Fraternité. Comme s’ils imaginaient que le progrès social était encore possible. Comme si les gains de productivité dans les usines, la croissance du PIB, l’amélioration des conditions de vie pouvait amener un confort supplémentaire à ceux qui produisent la richesse. Les Français, croyez-le ou pas, ce ne sont au fond que des U-TO-PIS-TES. Ce qui domine, aujourd’hui, c’est le marché, et si on ne s’y plie pas, on meurt. Aujourd’hui un travailleur qui se respecte doit gagner comme un employé chinois, on ne peut pas faire autrement ! Vivre dans des dortoirs comme à Shenzhen, bénéficier d’une journée de repos par semaine, d’une semaine de vacances par an, et oublier toutes ces idées fausses que leurs parents leur ont mises dans la tête. ( PS : ne dites pas ça aux Chinois. Eux ils lorgnent encore de notre côté et ils croient encore au progrès !)
Souplesse et liberté pour tous les employeurs
Car ceux qui ont besoin de plus de souplesse, de liberté, de latitude pour lutter contre la concurrence ce sont leurs employeurs. Eux, ils ont besoin du CNE, du CPE, de bien d’autres facilités pour défendre la France au sein de l’économie de marché. Regardez le temps qu’il a fallu pour que les rémunérations des patrons des grands groupes français atteignent le niveau de leurs homologues étrangers. Alors ? Comment lutter ? Comment préserver et accroître les richesses ? Augmenter les bénéfices ? Faire monter la Bourse ? Eh bien surveillez le CAC 40 et vous verrez que nos chers dirigeants savent y faire : la Bourse atteint ces jours-ci des niveaux qu’elle avait oublié depuis des années, c’est bien la preuve que nous sommes sur la bonne voie. Les profits n’ont jamais été aussi hauts, c’est bien la preuve par neuf que nous sommes dirigés par des gens soucieux de notre avenir…
Mais bon, si malheureusement les Français s’obstinent encore à ne pas comprendre, il va bien falloir se passer d’eux. Les armes de précarisation massive sont là, elles sont prêtes entre les mains de nos chers députés. Délocaliser, licencier, baisser les salaires, réduire ces avantages sociaux qui ne sont plus adaptés à l’époque actuelle, faire un peu de ménage dans Landerneau. Comme disait ce conseiller de la Bourse interviewé par Daniel Mermet « Le plein emploi c’est mauvais pour l’économie« .
Vous voyez, on est foutus…
A moins que… avant l’halalli, on fasse amende honorable, ce serait la solution de la dernière chance. Monsieur Bush, ayez pitié ! Voyez, on vous les livre nos UMP : emmenez-les à Guantanamo et qu’on n’en parle plus !
Ce ramage si particulier qui permet l’identification rapide de l’espèce, surtout par les poulets qui les ont souvent en ligne de mire, n’a d’égal que leur plumage qui en font les phnix des tribus urbaines. Mais cette filiation gallinacienne ne présente t-elle pas aujourd’hui un risque sanitaire ? Ces punks ne risquent-ils pas d’être des proies faciles, des pigeons en quelque sorte, pour le virus H5N1, virus assez haineux envers la volaille? Auquel cas, le punk crêté ne va-t-il pas être le chaînon manquant reliant l’aviaire à l’humanité ? Les hommes pourraient-ils être les dindons de la farce de cette mode capillaire ? Les tenants de ces fantaisies chevelues ont vraiment des cervelles d’oiseaux, pour mettre ainsi en danger la communauté. Les pouvoirs publics vont-ils encore faire longtemps l’autruche ou vont-ils enfin se décider à mettre du plomb dans l’aile de ces tignasses, véritables appeaux à microbes.
Le pied de grue
Dans le même ordre d’idée, il est demandé aux dames de se comporter intelligemment et de ne pas faire les bécasses, aux attentistes de ne plus faire le pied-de-grue, aux enfants de ne pas répéter les choses comme des perroquets, aux drogués de l’information journalistique de ne plus lire leur canard, aux mères-poules d’être moins protectrices, aux cons d’or de se transformer philosophalement en plomb, aux gais comme des pinsons de s’attrister, à ceux qui ont le nez en bec d’aigle de ne plus se moucher et aux bouches en cul de poule de porter un masque.
Il n’est plus temps pour caqueter et piailler indéfiniment sur cette situation. Il faut des actions fortes. C’est pourquoi, chacun doit tuer dans l’uf toute parcelle qui pourrait servir de nid au H5N1.
Preuve supplémentaire de la mauvaise volonté qu’elle met à progresser, ses jours ne cessent de s’allonger, augmentant d’autant le temps à parcourir pour arriver au lendemain. A tel point qu’il faut parler de lents demains. Vous me direz, lendemain, jour de vilains. Depuis le début de l’année, dés le point du jour né, la journée commence souvent mal. Nucléaire iranien, foules mahométantes excitées face à l’iconoclastie, outrages d’Outreau… Pas un de ces jours qui ne voie une mauvaise nouvelle séjourner dans son actualité. Le sale de ces jours se répand dans toutes les pièces de la maison semaine. Et ces émois remplissent le mois et demi sur lequel repose 2006. A cause de cette ambiance pimentée, la note est déjà salée, ce qui laisse supposer que l’année en cours sera 2006 odyssée de l’épice.
Chien Chow
Pour les chinois, nous sommes dans l’année du chien, et à cette occasion, comme à l’accoutumée, nous avons droit au spectacle du nouvel an chinois, un chien show en l’occurrence. Mais sur les terres occidentales vierges de toute emprise canine, propos incisif mais sans mot en l’air, tout se passe comme si nous étions dans l’année de la limace, mollusque gastéropode qui se déplace aussi vite que le porte-avions Clémenceau sur sa route des Indes, à savoir comme un bâtiment construit dans les chantiers navals de Dijon, ateliers spécialisés dans la construction de navires de transport inutilisables connus comme ex-cargos de Bourgogne. 2006 chemine dans des conditions similaires avec comme seul horizon une ligne continue d’incertitudes. Perdu dans un monde hostile, l’an nu erre, sans pouvoir passer un coup de fil à une quelconque Ariane qui le sortirait du labyrinthe.
La marche de l’an peureux
Quelles qu’en soient les raisons, nous ne pouvons que constater que 2006 zigzague, chaloupe, trentaille, avance à contrecur et à contre-courant, du pas lent et lascif du Légionnaire étranger. Les commentateurs avisés voient déjà ces 365 jours comme une période perdante, l’an qui loose (de l’anglais looser) disent-ils. Toujours est-il qu’à l’opposé d’une marche nuptiale et enjouée, sans tomber dans une marche funèbre bien que funanbulistique, 2006 avance d’une marche forcée, chacun de ses jours naissant aux forceps, comme effrayé devant l’avenir dont il pourrait être porteur, telle l’aurore tragique qui a dans ses entrailles le crépuscule du grand soir. Loin de pratiquer la galopante équitation des cavaliers de l’apocalypse censés annoncer Armageddon ou la chevauchée fantastique des Walkyries vers Ragnarök puis le Gotterdammerung, c’est une année à l’allure hésitante, qui à l’instar de Jacques, chancelle et évoque immanquablement ces culs-de-jatte des bras que sont les manchots sur leur banquise.
Oui en vérité, la progression de 2006, c’est la marche de l’an peureux.