G. W. Bush : nous ne renoncerons pas à notre mission sacrée

Hier, devant le Congrès à Washington, le président Bush a fait un discours remarqué, en réponse aux récentes attaques contre les armées de protection du peuple Irakien. Devant une assemblée captivée, il a brossé un tableau saisissant des récents événements.

Georges Bush : pourquoi l’Irak a mal tourné

« Malgré nos efforts, malgré nos conseils éclairés, Saddam Hussein à qui était promis un grand avenir est devenu un tyran. Cela s’est produit quelques années après les visites que lui a fait Donald Rumsfeld lorsqu’il est allé lui vendre des armes pour lui permettre de se défendre contre les attaques de l’Iran.

Quelque chose s’est produit alors, le pouvoir est monté à la tête de Saddam Hussein, et depuis, les malheureux irakiens ont été contraints de se ruiner la santé en allant travailler dans les usines d’armes de destruction massive qui parsemaient par centaines le pays, du Tigre à l’Euphrate. Et malgré un travail acharné, ces pauvres gens étaient payés pour certains avec des ronds de chapeaux, pour d’autres au lance-pierre (deux produits fabriqués par les membres du parti Baas NDLR).

Cette situation était devenue intolérable, il fallait que cela cesse. Et pour couronner le tout, Saddam Hussein et le parti Baas se moquèrent du monde entier en général et des Etats Unis en particulier. Ils poussèrent l’arrogance jusqu’à refuser de laisser les inspecteurs de l’ONU contrôler les conditions de travail des travailleurs irakiens (comme le réclamait le PDG de Nike, qui faisait travailler leurs enfants depuis de nombreuses années dans ses usines de chaussures de sport NDLR).

« Nous, valeureux américains dont le monde entier envie la richesse, la clairvoyance, la puissance de feu et la Secte Moon, nous savons ce qui est bon pour les irakiens. C’est la Démocratie. C’est la Liberté. Comme celle qui règne aux USA pour tous les blancs qui gagnent suffisamment d’argent.

Aussi avons-nous décidé de faire la guerre à l’Irak pour que ce pays puisse progresser comme les Etats Unis et connaître la démocratie. »

L’avenir de l’Irak se dessine enfin

Devant le Congrès qui l’applaudit à tout rompre, le président Bush a ensuite réaffirmé sa volonté de libérer le peuple irakien et d’imposer la démocratie, par la force s’il le fallait.
« Tous les irakiens qui ne sont pas convaincus de la nécessité de faire régner la démocratie dans leur pays seront impitoyablement jugés à Guantanamo puis passés par les armes s’ils ne renoncent pas à leurs funestes projets, qui ne sont qu’un prétexte pour déséquilibrer l’occident. Nous imposerons la liberté à ce peuple opprimé, par tous les moyens. La démocratie vaincra, je le jure sur la Bible ».

Le président Bush a ensuite évoqué l’avenir radieux réservé au peuple irakien.

« Dans les années qui viennent, une fois qu’auront été éliminés par des bombardements massifs tous les opposants à la démocratie, l’Irak sera reconnaissant envers ses libérateurs. Dans chaque ville et chaque village de l’Irak il y aura un MacDonald’s, et dans chaque école un distributeur de Coca Cola. Chaque famille pourra acheter un ordinateur Microsoft, des logiciels pour retransmettre les virus et une connexion à Internet pour recevoir des spams. Toutes les grandes villes auront une école primaire privée, une école secondaire privée, une université privée et un hôpital privés, construits par les entreprises américaines et où l’on payera en dollars. Tout le monde aura sa chance pour accéder à un travail au sein des entreprises américaines, pour peu que chacun se montre raisonnable sur les salaires et les conditions de travail et qu’il ne soit pas syndicaliste. Dans les rues des villes, et même dans les campagnes on roulera en 4×4 turbo diesel climatisée avec pare-buffle à l’avant, ou en Harley-Davidson aussi pétaradante que sur la Route 66, habillé de blouson de cuir avec des étoiles en argent. La sécurité sera assurée par des milliers de caméras de surveillance et les armes seront en vente libre. Et les patrons pourront avoir des stock-options. Le progrès aura enfin atteint cette partie du monde ».

Ensuite le président Bush, une larme perlant au coin de la paupière, a dépeint la future Bourse de Bagdad où s’échangeraient par millions des actions Enron Irak, les merveilleuses avenues aux enseignes clignotantes, les fédéraux en hélico pourchassant le crime et Saddam Hussein, aidés par le FBI (Fédéral Bagdad of Investigation), et les centaines de gratte-ciel, tellement accolés les uns aux autres dans le centre de la capitale que dans les rues il ferait frais, même en plein été. Porté par un enthousiasme incroyable le Congrès a voté aussitôt un budget supplémentaire de 87 milliards de dollars pour permettre au peuple irakien de se libérer définitivement.

Pour ne pas perdre de temps les premiers chèques seront remis dès demain matin sur les bureaux des dirigeants des entreprises américaines. Les pétroliers ont promis de participer activement à l’ensemble de la reconstruction dès la fin des bombardements démocratiques.

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L’apport Lozérien au roman gothique de Robert Louis Stevenson.

Il possédait un esprit très vif, beaucoup d’intelligence et de sensibilité. Sa particularité physique ne lui posait aucun problème. Il se moquait de lui même dès qu’un miroir lui renvoyait son image ambiguë :

Suis-je narcisse ou jonquille?

Suis-je garçon, suis-je fille?

Je suis lui et je suis elle,

Je suis narcisse et jonquille,

Quand je suis fleur je suis fille belle

Mais avant je suis en bouton,

A ce moment je suis garçon.

Elle s’appelait Bélissande. Elle vit le jour à Laubert, au lieu-dit Les Térailles, à deux pas du col de la Pierre Plantée, pendant le rude hiver 1856. Elle avait les yeux verts de ses vieux ancêtres celtes, mais c’est d’un lointain parent helvète qu’elle avait hérité son abondante crinière aile-de-corbeau, noire aux reflets bleus. Dans le patois local, son prénom Bélissande devenait Belou, et comme le patois accole souvent les particularismes familiaux, pour tous elle était Belou helvète, alors qu’elle tenait de son père David le nom de Lintche.

Narcisse Jonquille, doué pour les études et né dans un famille aisée, alla faire sa médecine à Montpellier. Il revint au pays avec sous le bras son diplôme de médecin, un ronflant titre de docteur et l’ambition de soigner ses semblables. Ses sens s’étaient éveillés au fin fond de son être, sans pour autant se décider entre les deux options offertes par Dame nature. Ainsi éprouvait-il une attirance autant pour le beau sexe, que pour les poilus.

Belou, issue d’un milieu modeste, avait eu l’enfance et l’adolescence traditionnelle des lieux et du temps. Ambiance campagnarde et agricole faite de peu d’école, peu de jeux, et beaucoup de travail. Lorsqu’elle s’épanouit, la beauté de ses traits et la régularité de ses formes grandirent aussi. Elle devint la plus jolie fille du pays.

La rencontre eu lieu un jour de fête votive. Le docteur Jonquille était venu se distraire en participant au tournoi de quilles des Térailles. Dans le même temps, Belou coiffait la couronne de pivoines sauvages de reine du village qui ceignait traditionnellement le front de la jeune fille élue Miss Térailles. On ne sait ce qui provoqua l’émoi cataclysmique qui entraîna le basculement radical et définitif du docteur dans la gent masculine. Etait-ce les beaux yeux verts, les longs cheveux noirs, l’enivrant parfum des fleurs fuschias ou les trois réunis, mais après être resté des années indécis dans une position janusienne, également disposé à la force virile qu’à la douceur féminine, Jonquille succomba sur l’instant aux charmes de Belou. Il n’en fallut pas beaucoup plus pour que celle-ci rende les armes face aux assauts de Narcisse, et ce qui arrive dans ces cas là, arriva il se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup de créatures.

L’histoire singulière de ce garçon à deux faces et les épousailles finales entre le Docteur Jonquille et Miss Térailles servirent de base à Robert Louis Stevenson qui n’eut qu’à anglosaxonniser les noms propres pour écrire un roman qui fait toujours référence dans la littérature gothique.

LozérixMousquet champêtre pour rafale de mots et merveilles.

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L’influence cévenole dans le roman « L’île au trésor » de Robert Louis Stevenson.

De retour en Angleterre après ce périple, il écrivit son best-seller « L’île au trésor ». Cette romanesque épopée épique est jonchée de traces du séjour Cévenol, comme le plateau de St-Laurent-de-Trèves est signé d’empreintes de dinosaures, aujourd’hui recouvertes de chapelets de réglisse que laissent choir des cohortes de brebis au cul fécond. Savoureuses sont toutes ces descriptions de bivouacs ou s’égrainent tant de recettes de moutons du Méjean qu’on croirait lire le guide du broutard. Plus inattendu est le choix que fit Stevenson d’un récit maritime après avoir traversé les paysages océaniques du Gévaudan, de la cascade de Runes aux torrents du Pont de Montvert, jusqu’au rendez-vous aquatique de Florac ou le Tarn, le Tarnon, la Mimente et la source du Pêcher jaillissant des griffons, de leurs flots raclent les soubassements des causses. Il relate dans ses mémoires le dantesque spectacle d’une gabare de bon gabarit allant, pleine de bons Gabales à Garabit, prise dans une tempête sur le Lot, au pied du château du Tournel. Stevenson fut fasciné par la lutte de la gabare, ballottée de maelström en chaudron-de-sorcière avant de pouvoir se dégager de l’impétueux courant de cette portion de rivière, où les eaux confluent et affluent entre dalles de schiste et moraines granitiques, oubliées dans le mitan du Lot par un ancien glacier à un âge ou Mathieu Salaime, le meunier de Bagnols-les-Bains n’était pas encore né. La dangerosité des passes fluviales lozériennes rythme d’ailleurs les dictons de marins, si celui qui voit Molène voit sa peine, qui voit Sein voit sa fin, qui voit Ouessant voit son sang, sachez que qui voit le Tournel voit son linceul.

Tout à fait méconnues sont par contre les conséquences de la traversée trans-cévenole sur le choix du nom d’un personnage essentiel de « L’île au trésor ». Si l’on remonte dans le temps et dans le contexte, il apparaît que Stevenson trekke en Lozère à peine cent ans après les exactions de Jean Chastel, le psychopathe dépravé et nécrophile qui maquillait ses crimes en une mise en scène habile laissant croire à l’attaque d’un loup, ce qui déclencha une ire lupusophobe sanglante et sans comparaison, mais ceci est une autre histoire. Chastel, à la tignasse rouge comme la verdure enflammée d’un châtaignier en automne, a un appétit féroce et pour l’assouvir le gars roux sillonne Languedoc et Auvergne en une mortelle randonnée, égorgeant ici un pâtre, éventrant là une bergère. Le souvenir de Chastel et de ses crimes restait très présent, des rumeurs à vous glacer l’échine courraient toujours sur son dos, notamment qu’il pactisait avec le Diable, qu’il avait le pouvoir de faire tourner le lait, de déflorer une vierge et de faire avorter n’importe quelle femelle, par la seule force de son regard. De surcroît, Chastel menait des monstres canins, dogues descendants des chiens de guerre abandonnés par les Anglais boutés de là par Du Guesclin trois siècles plutôt. Il se murmurait également, comble de l’horreur, qu’il nourrissait ces chiens uniquement de cadavres de gens d’église car les curés ça sert d’os. Pour cela on disait tous les mâtins démons.

Ce qui a été oublié par l’histoire, la grande, mais retenu par la petite et Stevenson, c’est qu’en 1789, Jean Chastel a été proprement estourbi par un paysan de La Besseyre-St-Mary, Jean-le-long, ainsi surnommé à cause de sa grande taille. Jean-le-long, bras armé de la juste colère populaire, logea une balle d’argent au beau milieu du front bas et lourd, pesant comme un couvercle sur l’esprit malfaisant en proie aux longues nuits, de la tête à Chastel. On planta un pieu dans le cœur du cadavre, et le cercueil dans lequel on déposa la dépouille maudite fut rempli d’ail avant d’être incinéré. Sa maison fut brûlée et les ruines recouvertes de gros sel, en un exorcisme libératoire et collectif ou tout le voisinage mis la main à la patte. Occultant cet épisode croustillant d’une justice rendue par des Croquants, la presse à sensation de l’époque qui avait déjà la dent dure ne mâcha pas ses mots et fit choux gras et gros titres de cette chimérique histoire de loup polymorphe, indescriptible rejeton quasi modelé par l’accouplement inconcevable du Lion de Balsièges et d’une gargouille envolée du plus haut clocher de la cathédrale de Mende.

A l’évocation des faits, Stevenson, en bon Ecossais ne se laissa pas prendre à cette fable d’animal monstrueux. Il célébra le courage du héros en buvant force bière au son des chants de la marine en bois, éclusant plus que le Champ-de-la-Marie n’en boit, ancien nom du Pré-vival zone inondable bien connue des Mendois. Il adouba Jean-le-long, auteur véritable de l’élimination de la créature infernale par une balle d’argent de haut vol qui mis fin aux bas instincts. C’est en son honneur qu’il nomma son capitaine flibustier, Long John Silver.

LozérixSilver à soie de magnanerie cévenole.

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Tous les marins du monde

Dans la Marine Gabale, on a plutôt le cœur à rire. Pourtant dans le cas présent, c’est une colère triste qui nous envahit. Sous un ciel gris, Il a appareillé le 13 octobre pour son dernier voyage, aidé par les remorqueurs Lubéron et Esterel. Vendu aux enchères le 13 juin dernier à la société espagnole Gijonese de Desquaces pour quelques millions de francs, il sera découpé au chalumeau en Espagne.

Il était grand, il était beau

il sentait bon le diesel chaud

Il s’en est allé un matin

au cimetière des bateaux.

Vendu sans gloire et sans honneur

comme un pirate ou un mutin

à un ibère ferrailleur

dont découper est le labeur.

C’est la fin d’un géant des mers

qui sillonna les océans

parfois comme un requin de guerre

souvent comme un ambassadeur.

Dans le sillage des bâtiments

les plus fameux de la Royale

comme eux il cinglait fièrement

portant ses oriflammes au vent.

Plus de silhouette sympathique

à Cherbourg, à Brest, à Toulon

aucun guetteur sémaphorique

ne l’aura dans son œilleton.

Seule sa barre est sauvée.

Elle sera dans un musée

comme le dernier souvenir

la dernière trace du passé,

le passé d’un grand bateau fier

laissé pour une bouchée de pain

à un chantier de fossoyeurs

et son armée de démembreurs.

Adieu Marine, adieu marins.

Moi, à qui on a pas permis

d’aller sombrer dans le lointain

Je vous laisse à mon agonie.

Il était grand, il était beau

Il sentait bon le diesel chaud

Toujours tous les marins du monde

Se souviendront du Clémenceau.

Lozérix
Capitaine ad-hoc de la Marine Gabale

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A Halloween, Samain reprend la main !

Après l’avènement du culte du marcheur sur l’eau, fils du grand éclusier de la Mer Rouge, le dieu Kernunos, à cause de ses bois de cerf et de sa propension à conduire d’orgiaques bacchanales, a été arrêté, jugé et déclaré coupable d’être le Diable – personnage cornu préposé à l’entretien du chauffage central chez les chrétiens – et condamné à s’immerger sous terre, en un lieu nommé enfer.

Or, cet espace peuplé d’individus peu recommandables ne se révéla pas être un endroit nickel, ce qui fit dire à Kernunos que l’enfer c’est les autres. Il n’y a même pas un zinc ou prendre un pot et de toutes façons l’argent n’a pas cours. Les platines infernales ne diffusent que des orchestres de cuivre jouant des airs baroques sur tout laiton. La seule occupation est d’aller au charbon pour l’entretien des feux et la surveillance du mercure indiquant la température. Du mercure au chrome il n’y a qu’un pas et ce chrome, synonyme de malchance, est ici bas exprimée par l’absence totale de pause, même pour couler un bronze.

Son acolyte, la déesse Keridwen fut quant à elle déclarée coupable d’incitation à la débauche, exercice illégal de la médecine, délivrance de médicaments sans présentation d’ordonnance et production illégale de produits spiritueux et alcoolisés, délit aggravé de vente aux mineurs. Keridwen et Kernunos protestèrent avec véhémence mais leurs juges trouvant leurs plaintes sans fondement restèrent sourds à ces cris sans thèmes. La rupture des cordes vocales et une migraine carabinée furent les maux de hurlements qui affligèrent nos Dieux païens.

Quant aux citrouilles omniprésentes pendant halloween, elles sont une réminiscence de la mésaventure d’un certain Jack, un Irlandais particulièrement irrespectueux qui se moquait autant de Dieu – patron du village de vacances « le Paradis » – que du Diable – en Enfer et contre tous – qui de ce fait, à sa mort, ne put rejoindre aucun des deux endroits et se trouva fort dépourvu quand l’abysse fut venu. Depuis son décès, il déambule de par le monde, ne pouvant rejoindre ni enfer ni paradis. Atteint de parasitose intestinale, il va souvent prendre des purges à Thourars, dans les Deux-Sèvres. Pour se donner un peu de lumière dans les ténèbres de son errance, Jack mit une bougie dans une citrouille creusée, c’est pourquoi les premiers à l’avoir vu passer, les Irlandais, l’ont surnommé Jack O’Lantern.

Pour couronner le tout, ce pauvre Jack est condamné à errer jusqu’au jour du jugement dernier. Mais la justice divine étant au moins aussi encombrée que celle des hommes, l’ultime procès, qui sera annoncé par les cavaliers de l’apocalypse en un tiercé prometteur d’un beau désordre, n’a toujours pas de date attribuée. L’agenda de Dieu est plein, il n’a même pas un créneau pour faire réviser sa voiture, ce qui est un comble au royaume des essieux, mais il faut dire que depuis le retour de son fiston, les voies de Dieu sont pleines d’épines et de clous. Tout cela ne le chagrine pas beaucoup ou il n’en laisse rien paraître. Les émois du seigneur sont impénétrables.

Lozérix – Masque d’enfer.

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Alain Juppé : un Oie-Loue 2003 pour celui qui ne sait RIEN

Circulez, ya RIEN à voir !

Pôvre Alain, ex premier ministre largué par son chef de président, il n’a vraiment pas de chance ! D’abord on le nomme, puis on le vire, enfin on l’accuse. Et de quoi, grands dieux ? D’avoir été au courant. Et au courant de quoi ? Eh bien que des gens étaient employés fictivement, c’est-à-dire que des personnes siégeant au sein du parti dont il était l’un des responsables étaient payés par des sociétés comme Bouygues. Mais comment il aurait pu faire pour le savoir, le Juppé ?

Ben moi, je le comprends. C’est pas lui qui s’occupe des salaires, du prix des gommes et de l’achat du café pour la machine. C’est pas lui qui fait les photocopies et qui répond au standard, c’est pas lui qui s’agite. Lui, il émarge. Il paie pas. Et donc il ne connaît qu’un salaire, le sien. Qu’un pouvoir, celui de Rassemblement pour le Ramassage. Il ne va pas s’embarrasser avec des détails, non ? Sachez-le, il ne fait jamais dans le détail, monsieur Juppé.

Oie-loue 2003

A l’association RIEN, nous avons été émus. Voilà un ancien premier ministre, un haut responsable, un homme politique de premier plan, en principe au courant de tout de par ses fonctions, donc injustement accusé, odieusement traîné dans la boue. Il est dans les hautes sphères, ce gars-là, vous comprenez ? Avec des secrétaires partout, des chefs de cabinet dans tous les coins, des notes, des compte-rendus, des rapports et tout et tout. Donc s’il vous dit qu’il ne sait pas, c’est qu’il ne sait pas, c’est qu’il était impossible de savoir. Là dessous il y avait la CIA sans doute. Ou le FBI. Le Kremlin, tiens, et le KGB. Ou tous ensemble, à garder le secret si bien gardé.

Et le juge qui remet ça, incroyable, non ? Qui ajoute que Bouygues avait assuré de 1989 à 1991 le salaire d’un de ses conseillers personnels, Jérôme Grand d’Esnon. « En plus ? » qu’il a demandé, monsieur Juppé. « Vous êtes sûrs de ça ? » qu’il a ajouté, monsieur Juppé. « Parce que sinon, moi, je vous accuse de diffamation envers le parti, attention ! » qu’il a pensé, monsieur Juppé. « Et je vous envoie mon copain Sarko » (mais ça, il l’a pas dit car Sarko c’est pas vraiment son copain).

Mais le juge était formel. Quid de la rémunération d’une trentaine de permanents du RPR par des entreprises, monsieur Juppé ?

 Alors là, c’est pas moi, c’est lui. Mon directeur de cabinet, Yves Cabana. Il ne m’a jamais parlé de ces faits, sinon je l’aurais contraint à régulariser la situation.

Et Yves Cabana, interrogé comme témoin, qu’est-ce qu’il dit ? Oh, RIEN non plus. Simplement que le système des emplois fictifs était connu de « tout le monde » au RPR dès 1988.

De « tout le monde », oui. Mais pas de monsieur Alain Juppé. Monsieur Alain Juppé, ce n’est pas « tout le monde ». Qu’on se le dise.

Et d’ailleurs, il vient de recevoir un Oie-loue pour son action envers le RIEN. Félicitations, car c’est un prix fictif. Un vrai.

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La Filc patraque

C’est dans une ambiance trouble que la Filc Foire internationale au lard contemporain fête ses 30 ans. Plusieurs raisons expliquent les vents contraires qui secouent le navire. Elles sont liées à l’éternel serpent de mer qu’est l’état du marché français de la charcuterie, souvent jugé faible, et à la multiplication des foires internationales et même nationales (Salon de l’Agriculture). A cet égard, la nouvelle foire de Munich, Delicatessen, qui affiche clairement ses prétentions, s’annonce comme une sérieuse concurrence.

Mauvais genre

Comme si cela ne suffisait pas, la Filc se trouve malmenée par des dissensions internes qui, latentes depuis quelques années, éclatent et font mauvais genre. On les retrouve aussi bien au sein de la Guilde de la Saucisse de Toulouse (la société organisatrice) que de la Confrérie du Tripou d’Auvergne (comité chargé de sélectionner les participants et de donner une orientation à la foire.

Frappant

Mais que vaut réellement la Filc cette année ? Certes, elle est loin du niveau de Bâle : il lui manque de très belles pièces comme on en trouve à la foire helvétique. Mais elle se révèle de bonne qualité, plaisante et variée. Du chorizo espagnol, à la viande des grisons italienne, des beer and guts d’angleterre à la panse de brebis écossaise passant par l’irish stew d’Eire, la choucroute alsacienne, ou les butifaras catalanes, toutes les disciplines sont au rendez-vous. On passe d’expositions personnelles de chaque producteur à un hommage au boudin aux pommes présenté par les Maîtres Boudineurs, avant de découvrir le stand fleuri de milliers de bouquets de persil dédié à la tête de veau.

On enchaîne ensuite avec des découvertes (gamme de saucisses parfumées), et des accrochages collectifs soignés (collection des saucissons secs d’Europe) et les pièces reconstituées à partir des restes fossiles découverts à Lascaux. Et en prime un éventail des créations contemporaines chinoises (foie gras de limule) et mexicaines (rillettes pimentées d’iguane) qui font leur entrée à la Filc. Quant aux nouveautés ou événements liés à cette édition, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le Président de la foire l’a annoncé : c’est l’an prochain et les suivants que la Filc connaîtra des changements, avec l’agrandissement de sa surface d’exposition et l’ouverture aux élevages d’esturgeons.

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Riensavoir sur Eux (II)

JMR est déjà pourvu d’une palme, agitée consciencieusement par une petite dame vêtue d’une simple gaze et d’une plume dans le paf, au-dessus de son hamac. Or donc pourquoi une nouvelle palme à celui qui cherche l’oie d’Emile Neuf, sans Huns à l’inverse d’Attila. Car il est le créateur du RIEN ! Et croyez-moi, tout le monde ne peut pas dire avoir RIEN fait. Le RIEN faut-il le rappeler, c’est le Réseau Internétique des Emules du Néant, à ne pas confondre avec une association sise en Chine, le RILN. qui est le Réseau Interprofessionnel des Limules de Nankin. Limule qui, répétons le, est un animal de genre masculin, même lorsqu’il s’agit d’une femelle. L’activité principale du RILN est de se dorer le limule.

C’est un 24 décembre que JMR créa le RIEN, c’est pourquoi il entonna aussitôt les cantiques appris lors son séjour dans la Tsar-Académie alors dirigée par Yvan Rebroff :

 Il est le né le divin néant,

 sortez le vin, résonnez musettes,

 il est né le divin néant,

 fêtons ça à l’aven Armand!

suivi de :

 Ah le petit néant,

 qu’on voit sous les tonnelles

 du côté de Grabelles

 où vivent ses parents


Cette naissance fut saluée de façon unanime et ininterrompue d’une litanie de glorias et alléluias vigoureux par la presse locale et internationale, et bien sûr par la paresse locale, séduite on s’en doute par le RIEN fait. En ce vendredi des sandres, jour d’ouverture de la pêche à la baleine blanche, rendons donc grâce à JMR, évêque du RIEN, grand-Manitou du Vide, druide du Néant, lama de l’Ether, patriarche des Limbes. Prosternons nous devant tous ces sacerdoces, même si une vaine polémique (Sylvaine Polémique est la sœur de Polémique Victor) a un temps agité la communauté du RIEN, car certains objectaient que le titre de lama ne convenait pas au Président, car le lama a ses douanes alors que le RIEN n’a pas de frontières. Il leur fut habilement répondu qu’ils confondaient le RIEN avec de la salade russe, et que de toutes façons, rendre hommage au haut-mage ne mangeait pas de pain.

Terminons cette éloge de théâtre d’une citation ménagère de KL dite La Souris, qui loue chaque jour les Dieux que son Grand-Loup s’adonne au RIEN, car le RIEN ne laisse pas de traces, il est donc inutile de passer le balai ou l’aspirateur derrière lui. Il en irait effectivement tout autrement si JMR s’adonnait au grignotage de galettes de Pont-Aven, biscuit breton et circulaire réputé pour sa friabilité.

Je déclare donc solennellement JMR palmé, d’ores et déjà, d’or et de jade des pieds à la tête.

Ainsi immortalisé en statue chryséléphantine, JMR arbore l’allure noble du Dix-cors aux bois revêtus d’ample mousse et au brame rauque et fort des héros des temps modernes.

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Linguistique et langage en Gévaudan

Empruntant largement à la langue naturelle, tant au plan de la syntaxe qu’à celui du vocabulaire, il possède aussi certains traits inhérents à tout langage littéraire, univocité et abstraction, toutes deux apanages du concept. Mais cette dualité ne rend pas exactement compte de la nature du langage du Gévaudan, également langue de spécialité, puisque le langage usuel voit parfois le sens commun transformé en acception campagnarde. Cette interpénétration du littéraire d’essence felibristique et du fonctionnel essentiellement agriculturel, dialectique du mot et du concept, de l’outil et de l’idée, nous l’appelons : système gabalo-linguistique.

L’articulation du système dans la langue et hors la langue va simplifier la rencontre de l’information factuelle et de la rédaction générique (incroyable mais vrai NDLR).

En matière de diffusion de l’information – de provenance et de destination lozérienne -, problématique accrue et sublimée par l’existence de variations patoisantes dans les réseaux des hautes-terres, la dynamique de la langue naturelle peut perturber parfois jusqu’à l’altération la perception et l’émission des données orales. Il est alors nécessaire de concevoir des méthodes d’analyse et des instruments correctifs palliant les effets conjugués de la syntaxe et de la sémantique.

Avec la dimension internationale acquise par les flux informatifs, le traitement des variations patoisantes en Gévaudan revêt une importance capitale et met en évidence la confrontation des systèmes oraux à laquelle les voies classiques de la traduction et de la comparaison n’apportent que des solutions partielles et forcément incomplètes. L’information locale, en tant que donnée brute, se transmue lorsqu’elle est soumise aux pratiques communicatiques des Lozériens, autant en importation qu’en exportation. La modélisation pourrait contribuer à une meilleure lisibilité des transferts entrant et sortant de cette connaissance régionale. Là encore, le système gabalo-linguistique va se manifester, pour prévenir des obstacles, et selon les cas pour proposer des solutions.

Aujourd’hui, au-delà de ces transferts de la connaissance intra et extra lozérienne, le formatage voire la formalisation du discours révèle une résistance subjective passive et collective du Gévaudan. Mais une nouvelle fois, le système gabalo-linguistique de par le croisement entre index et thésaurus et l’extension de la mémoire commune linéairement enrichie de nouveaux acquis, facilite le délicat processus d’axiomatisation, tout en assurant la pérennité du langage dans le respect de ses particularismes (de Panama NDLR).

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RIEN ne nous sera épargné, ou le projet d’installation d’un fast-food à Mende (48000)

Depuis la nuit des temps de l’aventure humaine, à peine fini le crépuscule de la préhistoire notifié par la maîtrise du feu par l’Homme, (face au nombre d’hectares parti en fumée cet été, peut-on parler de maîtrise?), à l’aube de la civilisation et dés l’aurore de son histoire, le Gévaudan a été menacé ou mis à mal par une succession d’envahisseurs aux attitudes plus ou moins néfastes. Nous avons vu passer les Romains, les Sarrasins et les Maures, les Vandales, les Wisigoths, les Ostrogoths, les Parigoths, les Huns et les Zôtres, des Anglais, des Prussiens ou encore des Allemands, et depuis peu un nombre croissant de colons dont la richesse, si elle alimente l’escarcelle de quelques profiteurs lubéronisants, commence à pénaliser les paysans et ruinera à court terme notre identité.

Aujourd’hui, une nouvelle attaque est lancée (Midi Libre du 16-09-2003). D’une manière plus insidieuse, « on » s’attaque aux fondements historiques et culturels de notre patrimoine, en portant ombrage d’une simple présence aux piliers culinaires qui soutiennent avec orgueil le fronton gastronomique du terroir lozérien. Cette offensive est ourdie avec leur délicatesse coutumière par les arrogants cow-boys d’outre atlantique menés par une caricature clownesque qui va jusqu’à usurper le nom d’un prestigieux clan écossais, mais qui loin de s’adonner au noble maniement de la claymore, fend l’air en tranches grasses d’une vulgaire raclette à retourner les steaks hachés. Clown comique ou clown triste, auguste ou pantomime? Rira t-on de ses clowneries ou pleurera t-on la fin d’une spécificité locale.

Car « il » envisage de s’installer à Mende. La Lozère perdra de ce fait son enviable statut de village résistant encore et toujours à l’envahisseur et de dernier département français encore épargné par la présence d’un débiteur d’ersatz à vocation nourricière souvent dénommé male-bouffe. Male-bouffe comme on dit male-bête, male-peyre, male-peste, males-aïgues et tout ce qui est réputé investi par le Malin comme les bègues qui en sont souvent victimes, frappés de male-diction. Par contre, quand on parle de male-poste, il s’agit bien du véhicule du préposé des PTT. Cette liste qui effleure du mal résonne avec raison comme une oraison funèbre et un chant d’oiseau de malheur.

Fichée en terre gabale comme un étendard de légion romaine, cette enseigne M. « M. le maudit » dirait Fritz Lang – ne sera t-elle pas comme un harpon dans la chair d’un cachalot, comme une banderille dans l’échine d’un taureau déclaré de combat sans qu’il ait pu donner son avis, ou comme le bec de l’aigle dans le foie de Prométhée. Les consommateurs, surtout les plus jeunes, mal-armés – comme Stéphane – pour résister aux effets de mode, vont être dans une position similaire. Tout d’abord, par de savantes passes de muleta, il seront gavés d’effets d’annonces publicitaires alléchantes sur les prix, la rapidité, la convivialité, les jeux pour enfants, le service au volant et autres poudre aux yeux. Les premières banderilles seront posées par la qualité réelle des ingrédients, aliments reconstitués, sodas ou le sucre le dispute aux colorants et sauces aux arômes artificiels. Et comme partout, l’estocade sera portée contre les petits établissements traditionnels plus lourdement taxés par cette tévéha qui est élastique comme du caoutchouc.

Les papilles qui vrillent sous les senteurs végétales qui embaument les plats coutumiers résisteront-elles à l’humus culinaire? Des effets secondaires surprenants sont déjà visibles dans un pays ou la male-bouffe est très répandue : enfants mutants aux immenses oreilles rondes et noires et adultes obèses qui sous l’effet de la colère deviennent énormes et verts. Tous souffrent de graves altérations psychiques les poussant à des conduites agressives et impérialistes, s’accompagnant de troubles visuels au cours desquels le malade voit le monde à travers une bannière étoilée avec des pays manichéenement répartis de part et d’autre d’un axe du mal. C’est aussi la-bas qu’on effrite les traditions culinaires en rebaptisant les french fries en freedom fries sous prétexte de non-allégeance à une expédition guerrière néo-colonialiste aux forts relents pétroliers. A ce sujet n’oublions pas les paroles du prophète Saint Malachie : « bien mal acquis ne profite jamais »!

Rappelons que de nombreuses voix s’élèvent et que certains vont jusqu’à « le » voir comme le symbole du mal-manger, du mal-boire et d’une société de consommation qui malmène l’individu. En Lozère, cette alerte au mal y bout, et on brame car y bout aussi un multiséculaire folklore de boustifaille. Au pays du jambon de montagne, daubes, civets, gibier, aligot, truites, champignons, pâtés, fruits des bois, charcuterie, fricandeau, b?uf d’Aubrac, agneau caussenard, poulets canards et lapins fermiers, tripoux, manouls, sac d’os, coupétade, châtaignes, légumes, fromages, où tout pousse et s’élève à part peut être les bananes, mangues, ornithorynque, igname, perche du Nil ou caille de Patagonie, le débarquement du mal-axé n’est-il pas malvenu, maladroit, mal-à-propos et relevant du malentendu.

Le mâle Eole serait bien inspiré d’éventer ces projets et de les souffler en expirant vers des cieux moins authentiques. Quant à l’enseigne plantée, elle servira de toutes façons à la Bête du Gévaudan qui lèvera à son encontre une patte arrière intéressée.

Lozérix
« Aux gémonies soit qui mal y pense »

Prochain article : Un fast-food en Gévaudan, un défi à la Lozérianité.

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