– Il était une fois dans ce pays merveilleux,
une Juliette qui cherchait un amoureux.
L’impatiente donzelle vivait en Lozère
où en matière d’amour les mœurs sont sévères
où les amants pressés de moins de dix-huit ans
s’exposent aux foudres et courroux des parents.
Pourtant la jeune fille ne voulait pas attendre
voulant tout essayer pour ne point se méprendre,
faire un mauvais choix, une erreur, une bévue,
éviter les surprises et les déconvenues.
Elle voulait flirter sans peur et sans complexe,
s’adonner avec passion aux délices du sexe.
Connaître de son galant taille et performances
c’est juste prendre sur l’avenir, un peu d’avance.
Il ne sera plus temps, devenu son mari
de découvrir des choses par trop riquiqui.
Elle ne voulait pas non plus finir à la foire
du célibat à La Canourgue, ô désespoir.
A ce stade, il me faut vous planter le décor,
élément d’importance qui joue un rôle fort.
La délurée gabale a maison à Fournels
village réputé en hiver pour son gel.
Prudence et décence interdisant sa chambre
il faut roucouler dehors de janvier à décembre.
Un jour qu’elle revenait de Saint Chely d’Apcher,
elle vit un beau gars, noble, fier et racé.
L’homme est haut bâti, élancé, séduisant.
Encore fallait-t-il que le héros soit puissant.
Oeil de velours, torse bombé, elle héla :
Oh là, bel inconnu d’où viens-tu de ce pas?
De chercher la fortune mais n’en ai trouvé trace,
je descends d’Italie d’où viennent tous les chemins.
Tu descends? Donc Rome est haut? Je ne savais point,
dit Juliette. Quêter l’amour, jamais ne la lasse.
Elle l’invite alors au creux d’une congère,
à l’abri des regards indiscrets des commères.
Dans cette neige froide ? s’écria le galant.
On va attraper un rhume, la grippe et ses tourments!
Comment! répond la belle, aurais-tu peur mon grand
de t’ébattre avec moi sur mes charbons ardents?
N’aie crainte, mon réchaud agace et son manège
aura tôt fait de fondre cette couche de neige.
Serais-tu un frileux qui craint les engelures?
Serais-tu angelot avec seule figure?
Serais-tu comme un moine sans sa robe de bure?
Sous ma robe, j’ai moi plus d’appât qu’il n’en faut.
Viens-t’en dans ma rivière, viens couler dans mes flots,
viens coucher sur mes vagues jusqu’à voir berge dure.
Que nenni ma douce, même ce froid polaire
n’engourdira mes sens impatients de te plaire.
Alors que la nuit tombe sur le bosquet glacé,
dix hiboux les surveillent d’un sapin bien placé,
car si en Gévaudan le spectacle est partout,
il est rare de voir un couple sous un igloo.
Sois appliqué mon beau car si l’ébat déçoit
Je garderai rancœur d’avoir ouvert mes cuisses,
ôté mes jarretelles pour un coureur d’émoi.
Mais l’amant de Lozère, lentement décollant
vers le septième ciel, emmène la novice
qui lacère son dos, dans ses bras la serrant.
Délicatement il réchauffe son massif
central, périphériques et endroits décisifs.
Met du cœur à l’ouvrage, ne se prend pas la tête
prenant plutôt les pieds, le sien, ceux de Juliette,
tend l’oreille et le reste donnant à son amante,
la religieuse confiance en l’acte qui la hante.
Sois prudent mon amour, tu seras le premier.
Il t’incombe de rompre ma virginité.
« Qu’hymen me suive » déclame l’amant sincère.
Sous l’arbre de Noël et les dix piafs perchés,
passée lésion furtive où son amant s’insère,
elle l’a aimé toute la nuit son lésionnaire.
Chouette et frais ce poême !
Comme une alerte au mâle hibou.