Dieu et la cour des miracles

Devenir Saint, pas si simple…

Ne devient pas saint qui veut, malgré le calendrier qui décline chaque prénom tout au long de l’année. Et ce n’est pas parce qu’on est pape et qu’on se prénomme Jean-Paul qu’on sera officiellement Saint Jean-Paul. On dit bien sa Sainteté le Pape mais ça ne veut rien dire. Car être saint signifie avoir eu une vie exemplaire et ça, Dieu seul le sait (car Il a des Yeux partout et peut contrôler les pensées et actions cachées de tout un chacun). Problème, comment nous, pauvres humains pouvons-nous savoir que notre voisin de palier est réellement un saint ?

La question a été parfaitement résolue par les ecclésiastiques : pour que les humains à leur tour sachent la vérité sur la sainteté de l’un d’entre eux, Dieu leur fait un petit signe tangible qui identifie clairement le coupable, ou plutôt le saintable : un miracle.

Un miracle divin, c’est quoi au fait ?

Un miracle divin, c’est quelque chose qui n’aurait jamais dû se produire normalement. Mais ceci n’est pas systématique. Par exemple quand vous retrouvez vos clés de voiture avant de partir au bureau le lundi matin alors que tout le monde les a cherchées tout le WE, ou quand votre aîné vous ramène un 15 en maths alors que sa moyenne est normalement de 2, ce n’est pas un miracle qui fera de votre petit Kevin un saint. Pour qu’il y ait miracle il faut que ce soit pour le Bien de quelqu’un, et que ce soit à la gloire de Dieu.
Aussi devant tout miracle suspecté des vérificateurs habilités auront pour rôle de dire s’il s’agit bien d’un miracle. Quelquefois cette vérification n’aura pas lieu, ainsi pour Jeanne d’Arc régulièrement visitée par des anges qui lui demandaient d’aller bouter les anglais hors de France le miracle est qu’elle y soit parvenue.

Les écritures saintes regorgent d’exemples de cette sorte, et les saints ont tous fait leur petit miracle, dûment estampillé pour les siècles suivants.

Faux miracles et supercheries

Evidemment on ne manqua pas de gens mal intentionnés prêts à accomplir de faux miracles pour obtenir richesses ou reconnaissance de leurs contemporains. Jésus Christ eut la bonne idée d’en faire toute une kyrielle, changeant l’eau en vin par-ci, guérissant les paralytiques par-là, tantôt marchant sur l’eau, tantôt multipliant les pains. Jésus avait cependant un avantage : il était le fils de Dieu et les miracles n’étaient pour lui qu’une simple formalité. Et puis il avait tout son temps pour les accomplir puisqu’il ne travaillait pas et se contentait de prêcher la bonne parole. Mais en dehors du petit Jésus la vérification reste de mise, et Dieu dans sa grande mansuétude tâche de produire des miracles faciles à homologuer pour les vérificateurs.

Quel est le BON miracle ?

Tout simplement celui que l’on n’attend pas. Dans le cas de Jean-Paul II qui courait de par le monde dans sa papamobile et n’avait pas une seconde à lui, paparazzé par toutes les TV du monde et avec tous ces jeunes autour de lui comme à un concert de Rock, Dieu n’avait pas envie d’en faire trop. Hyperactif, ce pape réalisant un miracle un peu trop voyant aurait fait de l’ombre à son Patron. Imaginez qu’en se rendant en Afrique il ait guéri cinq cent mille malades du Sida ? Transformé le Sahara en terre arable ? Que se serait-il passé si le pape, lors de son voyage en Israël, avait réussi à réconcilier palestiniens et israëliens ? C’est simple : tous les religieux auraient été discrédités, avec leurs prières et leurs messes, bénédictions et lamentations. Il y aurait eu une vraie révolution ! Jean-Paul II aurait été plébiscité et aurait pris le pouvoir urbi et orbi, bref, le monde dirigé par un parkinsonien ça aurait provoqué une superbe pagaille !

Réflexion divine pour miracle divin

Après mûre réflexion, Dieu le père en conclut qu’il devait en faire le moins possible. En premier lieu, ne pas se presser, attendre l’usure puis le décès de l’impétrant (d’autant que c’était Lui qui le rappelait à Lui et qu’Il avait toute latitude d’attendre qu’il soit suffisamment décrépit). Ensuite choisir un petit miraclounet pas trop voyant, pas trop spectaculaire, en un mot le moins possible miraculeux. Ce pape en avait trop fait ici bas, il avait acquis une célébrité un peu trop voyante et donc pas question de lui attribuer un VRAI miracle. Dieu n’aime pas la concurrence, et encore moins faire des vagues.

Aussi a-t-il finalement choisi la guérison miraculeuse de Sœur Marie Simon-Pierre. Une religieuse de 46 ans atteinte de la maladie de Parkinson qui bénéficie d’une rémission, après tout ce n’est presque pas un miracle. Parkinson, ça va et ça vient, une religieuse ça ne fait pas de bruit, et qu’elle se mette brusquement à écrire ses prières de manière plus lisible ne risquait de faire de l’ombre à personne.

Finalement, les desseins de Dieu ne sont quelquefois pas si impénétrables…

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4 réponses à Dieu et la cour des miracles

  1. filaplomb dit :

    Dieu et la cour des miracles
    Et pour le deuxième miracle nécessaire (un acheté, un gratuit ?), on a une petite idée, un signe, quelque chose ?
    Très bon article ! :-)))

  2. Saint Pierre dit :

    Le pape, saintétisé ?
    Désolé, quand un quidam devient officiellement saint, il est canonisé et non saintétisé. Apprenez le français, que diable (!) même si vous ne savez RIEN !
    Canonisé vient du vieux français canon qui désigne un outil spécifique destiné à vous envoyer ad patres au moyen d’un obus de gros calibre. Canon a donné aussi Canasson qui peut également vous envoyer en l’air, quoique un peu moins loin que le canon.
    Enfin canabis est censé vous envoyer en l’air, mais la loi interdit cette pratique autrement qu’en prenant l’avion à cause du syndicat des pilotes de ligne de coke.

    Comme quoi la sainteté est quelque chose de complexe…

  3. St Paul (de Léon) dit :

    Le pape, saintétisé ?
    D’abord une question sur cet article: on saintetise le pape, ou on le synthétise ? Car si on le synthétisait, on pourrait en faire un concentré de miracles et ainsi on pourrait ainsi guérir non pas une, mais trois, voire cinq religieuses !!!

    Non M. Le Tallec, on ne saintétise pas le pape, comme l’a fait remarquer ce bon M. Saint Pierre (de Rome). On le canonise. On peut ainsi le canoniser une, deux, trois fois, en veillant tout de même à ne pas trop faire d’abus (qui abus aboira, et quand le chien aboie la caravane passe). En cas de surdosage, on peut même carrément voir le diable (par la queue).

    D’ailleurs, là encore une question se pose: est ce bien le pape ou son double (le sous-pape) qui a guéri la pauvre sœur ? A priori, il y a débat et nos pauvres juges du collège sacerdotal n’arrivent pas à trancher, encore moins lorsqu’ils sont à jeun, alors qu’ils ne sont plus très jeunes.

    Autant vous dire qu’on n’est pas près d’avoir la réponse.

  4. filaplomb dit :

    Dieu et la cour des miracles
    Et puis ? Rien ? La suite, la suite !!!
    🙂

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